

France: la croissance plus vive que prévu au deuxième trimestre
La croissance économique française a atteint 0,3% au deuxième trimestre, meilleure qu'anticipé malgré un environnement national et international très incertain, marqué par l'offensive protectionniste des Etats-Unis et un effort budgétaire important en France.
Cette hausse modérée du produit intérieur brut (PIB) de la deuxième économie de la zone euro est supérieure à la prévision de l'Institut national de la statistique français, qui anticipait une croissance de 0,2% après +0,1% au premier trimestre.
"C'est vraiment une bonne nouvelle: 0,3, ça veut dire que depuis le début de l'année, on a une croissance légèrement supérieure à 0,5%", s'est réjoui le ministre français de l'Economie, Eric Lombard, sur la radio RTL, rappelant que le gouvernement visait 0,7% pour l'ensemble de 2025.
Cela "montre bien, alors que les droits de douane s'appliquaient déjà, que (les entreprises) résistent à cette situation", a-t-il estimé.
Instauré début avril par le président américain Donald Trump, les droits de douane actuellement de 10% visant la majorité des produits importés de l'UE augmenteront à 15% le 1er août en vertu d'un accord conclu dimanche avec les Etats-Unis, qui inquiète fortement en France.
Après les chiffres français, suivront dans la matinée ceux de deux autres poids lourds européens, l'Allemagne et l'Italie, tandis que l'Espagne a confirmé mardi son dynamisme avec une hausse de 0,7% du PIB tirée notamment par les exportations.
- "Bases fragiles" -
Si en France la croissance a surpris positivement, sa composition est toutefois jugée inquiétante.
Comme en début d'année, ce sont les stocks qui l'ont tirée au deuxième trimestre avec une contribution positive de 0,5 point.
Les stocks représentent les biens produits mais pas encore vendus à la fin d'une période donnée, dans le cas présent des matériels aéronautiques et automobiles. Une hausse des stocks peut signifier qu'on fabrique en prévision d'un boum de la demande. Mais cela peut aussi vouloir dire que les produits fabriqués n'ont pas trouvé preneur.
"Cela reste une croissance qui repose sur des bases très fragiles. La demande intérieure est quasi nulle et la production est trop dynamique par rapport à la demande domestique et extérieure", a souligné Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade, interrogé par l'AFP.
De fait, la demande intérieure finale hors stocks a stagné. Pilier traditionnel de la croissance, la consommation des ménages a légèrement rebondi, de 0,1% après un recul de 0,3% au premier trimestre, portée par une consommation accrue de produits alimentaires.
"Ce redressement peut s’expliquer notamment du fait du positionnement des fêtes de Pâques fin avril et d’une météo favorable en avril et mai", a expliqué l'Insee.
Mais les ménages restent peu portés sur la dépense depuis la pandémie et très attentistes dans un environnement chahuté. Ils préfèrent alimenter leurs bas de laine: le taux d'épargne a atteint 18,8% en début d'année, le record hors période Covid.
Les investissements se sont eux enfoncés dans le rouge (-0,3% après -0,1%), surtout chez les entreprises.
- Incertitude budgétaire -
Un grand facteur d'incertitude concerne le budget 2026, dont les grandes orientations ont été déclinées le 15 juillet par le Premier ministre français François Bayrou, avec l'objectif de ramener de 5,4% à 4,6% du PIB le déficit public de la France, le plus important de la zone euro.
Les mesures prévoient un effort de 43,8 milliards d'euros, passant notamment par un gel des prestations sociales, des retraites et des dépenses budgétaires (hors Défense).
L'effort budgétaire, qui passe dès cette année par des économies d'une cinquantaine de milliards d'euros, ne s'est pour l'instant pas traduit dans la consommation des administrations publiques au deuxième trimestre (+0,2%).
La contribution du commerce extérieur à la croissance est restée négative, de -0,2 point, le léger rebond des exportations ayant été contrebalancé par une accélération des importations.
Pour 2025, l'Insee table sur une croissance de 0,6%, sensiblement moins qu'en 2024 (1,1%). Selon Eric Lombard, qui reçoit mercredi au ministère les filières économiques affectées par l'accord commercial, celui-ci aura un impact "mesuré" sur l'économie française.
Mais Maxime Darmet dit "craindre que la situation se complique au deuxième semestre" car "les nouvelles commandes dans le secteur manufacturier sont très faibles".
E.Winandy--LiLuX