

Fashion Week: Pierpaolo Piccioli "veut embrasser le passé" chez Balenciaga
Pierpaolo Piccioli a fait samedi soir à Paris ses débuts chez Balenciaga avec une première collection revisitant l'héritage du fondateur mais aussi celui du styliste Demna, dont le style iconoclaste a profondément imprégné l'identité de la maison au cours de la dernière décennie.
"Je veux embrasser le passé", a expliqué le couturier italien à la presse à l'issue de ce premier show organisé au sein du siège du groupe Kering, qui possède la maison de couture, devant un parterre de stars, parmi lesquelles les actrices américaines Anne Hathaway et Meghan Markle, l'épouse du prince Harry, ou encore la comédienne française Isabelle Huppert.
"Je ne veux pas nier ce qui était là avant moi", a-t-il poursuivi, évoquant ses prédécesseurs Nicolas Ghesquière, Demna "et bien sûr" l'Espagnol Cristóbal Balenciaga qui fonda la griffe en 1917.
"Quand on prend la direction d'une nouvelle maison, je pense qu'il faut avoir conscience qu'on s'inscrit dans une continuité, aux côtés même de ceux qui étaient là avant nous", a-t-il encore dit.
Pierpaolo Piccioli a ainsi livré pour ce vestiaire de prêt-à-porter printemps-été 2026 des silhouettes très structurées et aux volumes précis - caractéristique du travail du fondateur, connu pour son travail architectural - sans oublier des pièces plus streetwear, signature du style de Demna.
Des jupes boules et des pièces sculpturales, comme cette robe bustier dorée à grosses fleurs, ont ainsi côtoyé des blousons en cuir oversize et de grandes chemises blanches.
Le cuir domine, dans une palette très blanche et noire mais relevée de couleurs vives, signature de l'Italien, notamment sur une jupe rouge à plumes ou sur un manteau jaune.
Le défilé s’est conclu par une standing ovation lorsque le créateur est venu saluer.
Ce show figurait parmi les plus attendus de cette Fashion Week parisienne, avec les débuts de Matthieu Blazy chez Chanel et la première collection femme de Jonathan Anderson chez Dior.
- Plus consensuel -
À 58 ans, dont 25 passés chez Valentino, le Romain Pierpaolo Piccioli est en effet chargé d'ouvrir un "nouveau chapitre" pour la maison, avait annoncé le groupe Kering, propriétaire de la griffe, lors de sa nomination en mai.
Un défi d'autant plus scruté que Balenciaga, sous la direction de Demna, a connu une ère aussi flamboyante que controversée.
Le créateur géorgien s'était fait remarquer en habillant tant la rappeuse Cardi B que l'actrice Isabelle Huppert, en mêlant T-shirts et haute couture et en rendant désirable le "moche" — des Crocs aux sacs "poubelle" — tout en propulsant la maison au-delà du milliard d'euros de chiffre d'affaires.
Mais il est parfois allé trop loin. En 2022, sa campagne publicitaire mettant en scène des enfants avec des accessoires d'inspiration sado-masochiste avait provoqué un scandale.
Nommé au printemps directeur artistique de Gucci, autre fleuron du groupe Kering, avec la mission de relancer la griffe dont les contre-performances plombent la maison-mère, Demna a présenté la semaine dernière à Milan une première série de looks dans un film réalisé par les cinéastes Spike Jonze et Halina Reijn.
Plus consensuel que son prédécesseur, le Romain a longtemps été associé à l'ancienne directrice artistique des collections femme chez Dior, Maria Grazia Chiuri, avec qui il a travaillé en tandem chez Valentino. A eux deux, ils avaient repris les rênes de la maison lors du départ à la retraite de son fondateur en 2008, lui donnant un coup de jeune.
Après le départ de Maria Grazia Chiuri chez Dior en 2016, Pierpaolo Piccioli s'était retrouvé seul à la barre. L'occasion de développer son style à la fois romantique et moderne.
Reflet d'un mercato de directeurs artistiques inédit, cette Fashion Week qui s'achève mardi incarne un renouvellement sans précédent, avec l'arrivée d'une dizaine de nouveaux directeurs artistiques.
Le secteur du luxe, confronté à des défis économiques et commerciaux, mise sur ces changements pour se réinventer et relancer sa croissance.
J.Kayser--LiLuX