

Procès en appel des viols de Mazan: Gisèle Pelicot face à un dernier accusé
Un an après le retentissant procès des viols de Mazan, Gisèle Pelicot, devenue icône féministe, se confronte à nouveau à partir de lundi à l'un de ses agresseurs présumés, Husamettin Dogan, seul accusé à avoir maintenu son appel contre sa condamnation.
Organisé cette fois-ci à Nîmes devant un jury populaire de la cour d'assises du Gard, ce procès en appel doit durer jusqu'à jeudi au plus tard. Condamné en première instance à 9 ans de prison, l'accusé, un ex-ouvrier du bâtiment de 44 ans qui comparaît libre, risque à nouveau 20 ans de réclusion.
La pression sur lui sera forte car, à l'inverse du premier procès où 50 accusés avaient défilé à la barre de la cour criminelle de Vaucluse pendant quatre mois, M. Dogan concentrera sur lui seul l'intérêt sociétal et médiatique. Plus de 100 journalistes du monde entier sont accrédités pour ce nouveau procès.
Un collectif féministe a déjà prévu pour lui un "accueil" avant le début de l'audience à 14H00. Et d'autres mobilisations sont annoncées tout au long de la semaine aux abords du palais de justice de Nîmes.
Après la constitution du jury - neuf citoyens et trois magistrats professionnels -, l'accusé s'exprimera une première fois pour dire s'il reconnaît ou non les faits qui lui sont reprochés, à savoir des "viols aggravés" sur Gisèle Pelicot, préalablement droguée par son ex-mari, la nuit du 28 juin 2019 au domicile du couple à Mazan (Vaucluse).
Le président de la cour, Christian Pasta, exposera ensuite les faits, avant que soit évoquée sa personnalité.
Le "chef d'orchestre" des viols de Mazan, Dominique Pelicot, qui a été condamné à 20 ans de prison pour avoir pendant une décennie violé et fait violer son épouse Gisèle par des dizaines d'inconnus recrutés sur internet, n'a quant à lui pas fait appel. Il comparaîtra donc en tant que simple témoin mardi après-midi, avant l'interrogatoire de M. Dogan.
- "Pas de petit viol" -
Le procès pourrait se terminer mercredi, ou jeudi si les débats ont pris du retard, avec la très attendue prise de parole de Gisèle Pelicot, restée discrète depuis le verdict de décembre dernier. Suivront le réquisitoire de l'avocat général, les plaidoiries de la défense et le délibéré.
Gisèle Pelicot "aurait vraiment préféré se concentrer sur sa nouvelle vie et sur son avenir. Mais elle doit en passer par là parce que c'est la condition pour vraiment tourner la page. Donc elle y va et elle est combative", assure à l'AFP l'un de ses avocats, Antoine Camus.
"Le procès de Nîmes ressemblera bien davantage à un procès pour viol comme il en existe tous les jours parce que celui-ci, à la différence du précédent, aura une configuration où une victime seule fait face à son son violeur seul", relève-t-il.
Cette femme de 72 ans avait été érigée en icône féministe pour avoir clamé que "la honte doit changer de camp" et refusé que le procès en première instance se déroule à huis clos. Un geste éminemment politique "pour que toutes les femmes victimes de viol se disent +Madame Pelicot l'a fait, on peut le faire+".
De son côté, Husamettin Dogan "maintient qu'il n'a jamais eu l'intention de violer qui que ce soit", indique un de ses avocats, Jean-Marc Darrigade, précisant qu'il pensait participer à une soirée libertine consentie mais se serait fait "piéger" par Dominique Pelicot, "un manipulateur".
Ce dernier va contester cette version, rappelant comme il l'a constamment fait à Avignon que "tous savaient" qu'ils venaient violer une femme préalablement sédatée par ses soins.
L'accusé sera confronté de nouveau aux vidéos des faits, filmés et méticuleusement archivés par Dominique Pelicot, sur lesquelles on le voit notamment pénétrer à plusieurs reprises la victime, endormie et ronflant.
Pour Gisèle Pelicot, qui sera soutenue durant le procès par son fils Florian, "il n'y a pas de petit viol", insiste Me Camus. "Elle a besoin que la justice lui dise +Madame, tous les viols que l'on a vus sur les vidéos, oui, ce sont bien des viols+".
P.Weber--LiLuX