

Les Américains optimistes et les Chinois discrets au deuxième jour des discussions commerciales
Les Américains ont affiché leur optimisme au deuxième jour des tractations avec la Chine, qui est restée plus discrète sur ces négociations destinées à faire baisser la tensions entre les deux premières économies mondiales, qui souffrent de la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump.
Commentant les discussions à Genève, le président américain a semblé vouloir repartir à zéro, après avoir imposé des droits de douanes toujours plus élevés aux centaines de milliards de dollars de produits chinois importés aux Etats-Unis. Pékin a répondu du tac au tac.
"Une remise à zéro a été négociée de manière amicale mais constructive", a écrit le président américain samedi soir sur le réseau Truth Social, ajoutant en capitales et à grand renfort de points d'exclamation : "DE GRANDS PROGRES ONT ETE ACCOMPLIS!!!".
Dimanche, Howard Lutnick, le secrétaire américain au commerce, un fidèle du président, a ajouté du rose au tableau. "Nous sommes optimistes sur le fait que les choses vont bien se passer", a dit le ministre américain dans une interview à CNN.
"C'est vraiment important pour les Etats-Unis. C'est important pour la Chine", a-t-il souligné, assurant que la délégation américaine "travaillait dur" pour parvenir à un accord, sans fournir de détail sur le contenu des discussions.
Côté chinois, rien n'a filtré si ce n'est une ligne de l'agence de presse Chine nouvelle qui avait qualifié les discussions sur les bords du Lac Léman d'"étape importante dans la promotion de la résolution du contentieux".
Les deux délégations de très haut niveau sont menées, côté américain, par le secrétaire au Trésor Scott Bessent et le représentant au Commerce Jamieson Greer tandis que la Chine a dépêché le vice-Premier ministre chinois He Lifeng.
Les tractations se tiennent à huis-clos dans la résidence du représentant suisse auprès des Nations unies, une villa cossue nichée sur la rive gauche du Léman. Les pourparlers, qui avaient duré une dizaine d'heures samedi, ont repris peu après 10H00 (08H00 GMT) dimanche.
Après une pause de deux heures pour le déjeuner, les délégations se sont retrouvées aux alentours de 15H30 (13H30 GMT), a constaté l'AFP.
Les négociations doivent se terminer dimanche.
"Ces négociations reflètent le fait que l'état actuel des relations commerciales, avec ces droits de douane prohibitifs, n'est au final dans l'intérêt ni des Etats-Unis, ni de la Chine", souligne auprès de l'AFP Nathan Sheets, économiste en chef chez Citigroup.
Genève accueille la première rencontre en face à face de hauts responsables des deux plus grandes économies mondiales depuis que le président américain a imposé le mois dernier une surtaxe de 145% sur les marchandises venant de Chine, en plus des droits de douane préexistants.
Pékin, qui a promis de combattre "jusqu'au bout" ces surtaxes, a riposté avec 125% de droits de douane sur les produits américains.
Résultat: les échanges bilatéraux sont pratiquement à l'arrêt et les marchés ont connu de violents soubresauts.
- "Perdant-perdant" -
"C'est une proposition perdant-perdant d'avoir des droits de douane aussi élevés", reprend Nathan Sheets.
Vendredi, Donald Trump avait fait un geste en suggérant d'abaisser à 80% les droits de douane qu'il a lui-même imposés à Pékin.
Mais sa porte-parole Karoline Leavitt s'est empressée de préciser que Washington n'abaisserait pas ses taxes unilatéralement et que la Chine devait également faire des concessions.
Le simple fait que ces discussions ont lieu "est une bonne nouvelle pour le commerce et les marchés financiers", estime Gary Hufbauer, du Peterson Institute for International Economics (PIIE). Cependant, cet expert se montre "très sceptique sur un retour à une situation normale dans les relations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis".
"Des droits de douane de 145% sont absolument prohibitifs", poursuit-il, ajoutant que même abaissés à 70 ou 80% comme il en est question, le niveau des transactions entre les deux pays serait divisé par deux.
Le vice-Premier ministre chinois est arrivé à Genève avec semble-t-il un atout: Pékin a annoncé vendredi un bond de 8,1% de ses exportations en avril, un chiffre quatre fois supérieur aux prévisions des analystes. Mais les exportations vers les États-Unis ont chuté de près de 18%.
burs-vog/nl/de
Y.Wagener--LiLuX