

Depuis la Hongrie vers la Roumanie, un "pèlerinage" contre un rapprochement Orban-Simion
Le chef de l'opposition hongroise Peter Magyar a entamé mercredi une marche vers la Roumanie pour protester contre la récente proximité affichée par Viktor Orban avec le nationaliste roumain George Simion, accusé d'être une menace pour les nombreux Hongrois du pays voisin.
Le Premier ministre "a craché au visage de nos frères et soeurs à l'étranger" en soutenant tacitement le candidat de l'extrême droite à la présidentielle dimanche en Roumanie, a déclaré M. Magyar en donnant à Budapest le coup d'envoi de ce "pèlerinage" baskets au pied, sac de randonnée et drapeau hongrois en bandoulière.
La semaine dernière, Viktor Orban avait surpris en promettant au favori du scrutin son soutien pour "défendre le christianisme et le souverainisme" au sein de l'Union européenne.
Cette prise de position a suscité la colère du parti RMDSZ, qui représente un million de Hongrois en Roumanie et estime que George Simion est un danger pour leurs droits en tant que minorité et pour l'utilisation de leur langue. Il a appelé à voter contre lui.
Prompt à saisir l'occasion, Peter Magyar, présenté par les sondages comme un sérieux rival pour Viktor Orban aux législatives de 2026, a aussitôt annoncé une marche d'une douzaine de jours pour s'attirer les faveurs de cet électorat à la double nationalité.
Le climat politique est extrêmement tendu dans le pays d'Europe centrale, les deux camps échangeant quasi quotidiennement invectives et attaques.
Le Premier ministre a convoqué mardi un Conseil de défense nationale, accusant son opposant de "participer activement à une opération des services secrets ukrainiens", parce qu'il a fait fuiter la semaine dernière sur les réseaux sociaux un enregistrement du ministre de la Défense datant de 2023.
Ce dernier y affirmait que la Hongrie avait remanié son commandement militaire afin de "rompre avec la mentalité de paix" et de se préparer à un conflit.
M. Magyar a présenté cette bande sonore comme la preuve que M. Orban était prêt à entraîner la Hongrie dans la guerre, alors qu'il ne cesse publiquement d'accuser l'UE d'un comportement belliciste par son ferme soutien à l'Ukraine.
Le gouvernement a rejeté cette interprétation, affirmant qu'il était "évident et normal" de se préparer à une "menace de guerre imminente".
Il estime également que cette fuite a été délibérément programmée la veille de l'annonce par Kiev de l'arrestation de deux personnes soupçonnées d'espionnage pour le compte de la Hongrie.
Cette affaire a conduit à une expulsion réciproque de diplomates entre les deux pays, dont les relations sont très mauvaises, Viktor Orban bloquant l'adhésion de l'Ukraine à l'UE.
V.Bertemes--LiLuX