

Tennis: les corps lâchent, la fronde reprend contre les calendriers surchargés
Renonçant au Masters 1000 de Shanghai en raison de "problèmes physiques", qui n'épargnent pas d'autres nombreux joueurs et joueuses en cette fin de saison, Carlos Alcaraz a apporté sa voix de N.1 mondial au flot de critiques visant le calendrier surchargé du tennis professionnel.
Il y a deux semaines, c'est la meilleure joueuse au monde Aryna Sabalenka qui a déclaré forfait pour le tournoi de Pékin, un WTA 1000 pendant féminin du Masters 1000 de l'ATP, catégorie de tournois la plus prestigieuse après les Grands Chelems. De quoi faire ressurgir le sujet du rythme imposé aux stars et forçats de la balle jaune.
Malgré des revenus confortables, les têtes d'affiche ne cessent de dénoncer une charge de travail excessive. Cette semaine, plusieurs matches se sont d'ailleurs terminés prématurément lors des tournois WTA 1000 et ATP 500 de Pékin, pas moins de cinq joueuses ou joueurs ayant abandonné.
Mardi, le Russe Daniil Medvedev, perclus de crampes, a dû arrêter les frais dans le set décisif de sa demi-finale contre l'Américain Learner Tien. Ce dernier avait déjà bénéficié du forfait de Lorenzo Musetti en quarts.
- "Trop intense" -
Alcaraz s'est lui blessé à la cheville gauche dès son entrée en lice au tournoi ATP 500 de Tokyo. C'est avec un bandage conséquent qu'il a poursuivi le tournoi et battu Taylor Fritz en finale mardi, décrochant son huitième titre en 2025.
Mais, dans la foulée, l'Espagnol a annoncé son retrait du Masters 1000 de Shanghai, qui débute ce mercredi, afin de "se reposer et récupérer". Sans annoncer de date de retour, il a pointé le fait que le calendrier était "vraiment dense" et appelé les instances à "faire quelque chose".
Lançant une vaste offensive judiciaire contre les instances en mars, le syndicat des joueurs PTPA dénonçait déjà un "calendrier insoutenable", mais aussi un "système draconien" de classement, qui "dicte" les tournois auxquels les joueurs doivent participer, ainsi que des conditions de jeu éprouvantes.
Parmi les griefs figure l'allongement des Masters ou WTA 1000, qui s'étendent désormais souvent sur près de deux semaines.
Jointe mercredi par l'AFP, l'ATP a renvoyé aux propos de son président Andrea Gaudenzi, qui soulignait fin août que les joueurs jouissaient d'une "rare" liberté pour "choisir leur propre calendrier". Avec cette liberté, ajoutait-il, "vient la responsabilité ".
L'extension des Masters 1000 est, selon lui, essentielle pour la croissance du tennis, même si elle exige des ajustements.
Depuis 2023, la WTA impose aux meilleures joueuses de disputer chaque Grand Chelem, dix tournois WTA 1000 -dont celui de Pékin- et six tournois 500. Des règles similaires s'appliquent chez les hommes.
Dans un communiqué transmis à l'AFP, l'instance rappelle que "le bien-être des athlètes est toujours une priorité". "Après une consultation complète avec les représentantes des joueuses et des tournois, nous avons amélioré la structure du circuit en 2024, ce qui a permis d'augmenter à la fois la rémunération des athlètes et l'intérêt du public", développe-t-elle, le tout "sans exiger des joueuses qu'elles participent à plus de tournois".
Swiatek, N.2 mondiale, a récemment averti qu'elle pourrait renoncer à certains tournois obligatoires: "Il y a beaucoup de blessures, a-t-elle déploré. Je pense que c'est parce que la saison est trop longue et trop intense".
- "Seuls les plus forts survivent" -
Victorieuse à l'US Open 2023 et à Roland-Garros cette année, Coco Gauff estime qu'il est "impossible" de jouer davantage. "J'aimerais, de mon vivant sur le circuit, qu'une solution soit trouvée pour raccourcir la saison", a ajouté l'Américaine de 21 ans qualifiée en quarts à Pékin.
Sa saison 2024 s'était achevée le 9 novembre avec une victoire aux WTA Finals en Arabie saoudite. Elle était de retour sur les courts dès la fin décembre à l'United Cup en Australie –un tournoi mixte par nations.
Outre ces tournois par équipes, comme la Coupe Davis, qui ne sont pas gérés par l'ATP ou la WTA, des observateurs soulignent aussi que des joueurs comme Alcaraz choisissent parfois de participer à des exhibitions lucratives.
Après avoir déclaré forfait lundi à Pékin, la Chinoise Zheng Qinwen, championne olympique 2024, a reconnu être revenue trop tôt après une opération à un coude. Mais elle n'a pas rejeté la faute sur le calendrier, mettant plutôt en avant la loi darwinienne: "Seuls les plus forts survivent, et c'est la règle dans ma tête."
E.Klein--LiLuX