

C1: le soir où l'Inter Milan a rendu l'improbable possible
Lautaro Martinez, blessé, ne devait pas jouer, Francesco Acerbi n'avait jamais marqué en Ligue des champions: ils sont pourtant devenus mardi les improbables héros d'une folle soirée qui va longtemps hanter le FC Barcelone et entrer dans la légende de l'Inter.
Quoi qu'il lui arrive le 31 mai à Munich, contre le Paris SG ou Arsenal, l'Inter, vainqueur 4-3 en prolongation à San Siro six jours après un nul spectaculaire (3-3), est déjà l'un des plus beaux finalistes de l'histoire de la C1, "mythique" même à en croire la Une ce mercredi de La Gazzetta dello Sport.
Il le doit notamment à l'attaquant Lautaro Martinez, au milieu Denzel Dumfries, au défenseur Francesco Acerbi et au gardien Yann Sommer.
. Lautaro Martinez, l'improbable retour
Les deux jours qui ont suivi sa blessure du match aller, le capitaine argentin de l'Inter les a passés "à pleurer à la maison", a-t-il confessé dans la nuit de San Siro.
Obligé de quitter ses coéquipiers à la pause le 30 avril, le "Toro", son surnom, souffre d'une élongation des ischio-jambiers de la cuisse gauche et la presse italienne table alors sur une absence d'au moins une semaine, ce qui le privait théoriquement du choc contre le Barça.
"Au début, je n'arrivais même pas à lever la jambe, mais on a bien bossé avec le staff médical, j'ai doublé les séances de soins".
Résultat, il est de retour à l'entraînement lundi et fait tomber la foudre le lendemain sur le Barça en ouvrant la marque (21), puis en provoquant le pénalty du 2-0 (45+1).
A bout de force, il a été remplacé à la 71e min et a suivi du banc l'étouffant dénouement de ce choc: "Cette équipe n'abandonne jamais", a résumé l'Argentin qui depuis son arrivée à Milan en 2018 a collectionné sept titres et 151 buts.
. Denzel Dumfries, l'improbable record
Le milieu défensif néerlandais revient lui aussi de blessure (élongation du biceps fémoral). Son absence a été plus longue, un mois, ce qui l'a notamment privé des quarts de finale contre le Bayern Munich.
Son retour a été retentissant et il est pour beaucoup celui qui a mis KO le Barça, avec deux buts et une passe décisive à l'aller, deux passes décisives au retour.
Dumfries, depuis 2021 en Italie, est devenu le troisième joueur à être impliqué sur cinq buts en demi-finales de Ligue des champions.
Il faut remonter à l'édition 2017-18 pour trouver trace d'un tel impact, lorsque Roberto Firmino, avec Liverpool, avait écoeuré l'AS Rome avec lui aussi deux buts et trois passes décisives.
. Yann Sommer, deux arrêts improbables !
Quand l'Inter a sombré après la pause, le gardien de but suisse l'a sauvé des eaux: il a certes concédé deux buts en six minutes (54,60), mais il lui a évité le pire avec un total de sept arrêts, dont deux parades spectaculaires et improbables.
A la 57e minute, il s'est retrouvé seul devant Eric Garcia qui a sans doute voulu trop assurer sa frappe, en la centrant, et qui ne s'attendait pas au plongeon du portier milanais.
Déjà très fort à l'aller, Sommer, accueilli fraîchement par les tifosi intéristes à son arrivée en 2023, a ensuite écoeuré à la 114e min le phénomène Lamine Yamal qui pensait avoir égalisé avec une frappe enroulée. Mais le Suisse s'est détendu de tout son long et a réussi à dévier le ballon du bout de son gant droit, "le plus bel arrêt de ma carrière", a-t-il jugé.
. Francesco Acerbi, l'improbable buteur
A 37 ans, Acerbi pensait avoir tout connu dans le football, de ses profondeurs, comme ses débuts en 4e division italienne, jusqu'aux sommets avec le sacre de la Nazionale à l'Euro-2021.
Mais mardi soir, le défenseur central rugueux, incarnation de la "grinta" tout italienne de cet Inter très cosmopolite, a arraché la prolongation au bout du temps additionnel (90+4) en égalisant à 3-3 d'un but digne d'un avant-centre.
Acerbi, passé par l'AC Milan et la Lazio, n'avait jamais encore marqué en Ligue des champions: son but fait partie désormais de l'histoire de l'Inter.
Y.Theisen--LiLuX